écrivain

 Ce qui nous mène à faire de la littérature notre champ d’études est un rapport avec des œuvres suscitant une fascination qui traverse les époques et qui leur confère le statut de « classique littéraire ». Il en est ainsi pour Madame Bovary de Gustave Flaubert, Le Père Goriot d’Honoré de Balzac ou Le Rouge et le noir de Stendhal, pour ne nommer que celles-là. Ces œuvres semblent faire partie d’un corpus regroupant des textes qui ont non seulement traversé leur époque, mais qui l’ont, plus souvent qu’autrement, profondément marquée par leur originalité et leur apport singulier au monde littéraire. Innovation formelle, audace thématique, critique acerbe de l’époque et de ses acteurs, réception critique et populaire : voici quelques caractéristiques qui peuvent contribuer à élever les œuvres au rang de classique. Chaque individu évoluant dans le monde littéraire développe avec certaines de ces œuvres un lien particulier qui influence ses recherches et ses intérêts.

Le chercheur qui est aussi écrivain tisse quant à lui un lien parallèle qui le relie non pas au livre en tant que tel, mais à la démarche d’écriture derrière les œuvres, et donc à l’écrivain classique. Je me permets ici de préciser ce que j’entends par « écrivain classique ». Il est nécessaire d’entendre cette expression non pas comme faisant référence à l’époque classique, mais plutôt comme renvoyant à un écrivain classique personnel, qui serait l’auteur d’une œuvre importante et marquante, orientant notre démarche créatrice. Cet écrivain est pour moi Marguerite Duras. Son œuvre  possède des caractéristiques qui en font une œuvre fondamentale dans ma démarche d’écriture.

Ce rapport aux « classiques personnels » dans le processus d’écriture m’intéresse  et soulève plusieurs questions : comment ce lien à un style littéraire reconnu, nommé comme étant « classique », influence la démarche des écrivains contemporains? Qu’est-ce qui fait naître le désir d’« écrire comme » tel écrivain? Ce désir présente un problème dont l’écrivain n’est pas toujours conscient et qu’il doit tenter de résoudre s’il souhaite développer sa propre écriture.

Je tenterai d’offrir des éléments de réponse en me servant du rapport que j’entretiens avec la pratique littéraire de Marguerite Duras pour illustrer mon propos.



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